Regard de France Delville Ecrivain, critique d'art, Psychanalyste.

 

France Delville -  photo relevée sur le catalogue  Le paradoxe d'Alexandre- un Parcours : 1960-1999

 

 

France Delville
France Delville, critique d'art, écrivain. Née en 1942 à Aniche (nord), enfance au Maroc, licence de lettres classiques à Nice, puis théâtre, peinture, écriture, psychanalyse.

 

Bibliographe :

Nivèse, "Miss Liberty"
Gaël Chandelier, [exposition, Vallauris, Galeri...

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&; Sosno : traversée en forme de fugue
conversations Patrick Amoyel, France Delville, Sacha Sosno 



 

Elle nous a quittés le 14  Novembre 2014  : fragmentsdincertitude.blogspot.fr/2014/11/le-bleu-qui-traverse.html

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 RELEVE SUR art côte d'azur



Merci FRANCE

Merci FRANCE

France Delville est née en 1942 à Aniche dans le Nord de la France, elle passe son enfance au Maroc, étudie les lettres classiques à Nice, puis s’exerce au théâtre, à la peinture, à l’écriture, et à la psychanalyse.
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France Delville durant sa lecture (c) DR
Journaliste et critique pour notre magazine, férue d’Art Contemporain, mais aussi d’Art classique et d’Art Africain, France était une grande professionnelle, mais aussi une Amie, qui partageait avec les Artistes ce désir commun de création et d’interrogation sur l’âme humaine.
France, atteinte d’une grave maladie, nous a quittés ce vendredi 14 Novembre, avec discrétion, humilité et simplicité, comme elle l’a toujours été de son vivant.









France était le rayon de soleil de notre rédaction, stakhanoviste, elle passait le plus clair de son temps à travailler, étudier, décrire, conceptualiser, et vulgariser le tout afin de le rendre le plus digeste possible pour le commun des mortels.
D’une grande profondeur d’âme, humaine et sensible, elle a toujours eu à coeur de décrire le travail des artistes, et l’origine de leur création avec une émotion et une précision qui permettaient à chacun de comprendre l’oeuvre et le parcours de l’artiste.








Au delà de la tristesse de l’ensemble de notre rédaction, nos pensées vont aussi à Alexandre Delassale son compagnon, galeriste très reconnu dans le monde artistique, qui avec France partageait ce gout des Arts, et des artistes.


 

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www.artcotedazur.fr/actualite,109/art-contemporain,34/merci-france,9355.html



Les dernières Chroniques de Fance Delville sur art côte d'azur 




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VESTIGES D'UN MONDE EN ACTES, EN ECRITURES…
ou OVNI après le passage du fantôme


Qu'est-ce qu'un fantôme ? Au sens étymologique : une apparition. Fantasme, c'est pareil, c'est une organisation plutôt théâtrale pour constituer sous l'œil humain les "objets" énergétiques perçus comme ceci, comme cela, selon la structure, de l'œil, de l'humeur, humeur profonde, humeur au sens où les philosophes classiques voulaient dire ce qui en nous cherche à prendre contact avec les choses, tous ces petits échanges subtils qui nous travaillent et écrivent le livre à notre place. Parfois le livre émerge, et l'artiste recueille cette peau affleurante, pour la déposer, telle une feuille d'or, sur le support matériel. Opération risquée, en équilibre et déséquilibre permanents.
Si Vinci disait que la peinture est cosa mentale, la pensée est une chute libre arrêtée en un point d'expression, d'équation. Mais il y faut d'abord cette dangereuse plongée. La vérité, dit Deleuze dans Proust et ses signes, n'est jamais le produit d'une bonne volonté préalable mais le résultat d'une violence dans la pensée.





Violence parfois douce, parfois dévastatrice. Mais violence de la rencontre. Rencontre ? Point de suture momentané entre deux mondes, surface fluide, interface, entre deux dimensions ? Irruption de l'Autre, pour danser un tour de salsa ?
La peinture de Carol a cet air de piste de danse, une fantaisie qui se livre à des figures inconnues. "Oui" à ce qui n'est pas encore mais peut survenir, la censure n'est pas invitée, les météorites connaissent l'adresse, viennent s'exploser, s'onduler, se durcir en nouveaux jouets cosmiques, laissant dans le texte leurs virgules ludiques, contrairement à ce fonctionnaire de Gogol, du Manteau, qui devient fou de ne pouvoir changer un accusatif en datif. Changer une virgule, il ne peut pas. Il ne peut ni décliner, ni incliner…
Dans la peinture de carol semble s'etre jetée avec l'espèce de non-sense à la Carroll, avec l'extravagance enfantine de l'acrobate de Blade Runer, cette éphémère personne, la Réplicante. Ephémère touché par Carol, captivé mais captivant car il donne leur respiration aux choses. Ephémère apprivoisé par Carol, calmé, dans son écho : à certains jours, je pourrais crier d'horreur… que serait-ce s'ils entendaient non l'écho mais la voix, confie Julien Green
Carol rapporte les plans de zones peu fréquentées, qu'elle fréquente elle avec naturel. Tout le monde connaît l'effet des corps mis en opposition avec la lumière, écrivait en 1790 Etienne-Louis Boullée. J'ai vu Carol organiser une rencontre entre lampe, papiers, couleurs, textures, pour interroger ce qu'on appelle la matière. Au XIème siècle le peintre chinois Song Ti posait un écran de soie sur un vieux mur décrépi pour en observer les métamorphoses au cours des heures. Vinci n'oublia pas non plus de jouir de la richesse visuelle des taches dans les murs, de la cendre, du feu, des nuages, de la boue… Dans les choses confuses, disait -il, l'esprit s'éveille à de nouvelles inventions. Ce que Klee appela retourner au chaos. Et pour citer encore l'un de cet être attentifs à des flux un peu moins immédiats, Gombrich remarque que cette façon de regarder permet une détente des contrôles, semblable à celles des rêves.
Max Ernst aussi interrogea ces zones, il en sortit une succession hallucinante d'images contradictoires… L'hallucination fait partie des révélateurs, des chambres d'échos. Qu'est-ce donc que la peinture sinon le visage momentané des choses, l'un des instants de la moire du réel. Le réel ? Une proposition à saisir, rien de plus. Et peindre ? S'engager, un instant fugitif, écouter, obéir, se retrouver dans l'après-coup de la découverte. Découvrir ce que l'on a "découvert", c'est le miracle. Il n'y a de fait que d'artifice, dit Lacan, il n'y a pas d'autres faits que ceux que le parlêtre reconnaît en les disant. Si la peinture est une émergence de "faits" qui sont la vérité du peintre, le verbe faire est un casse-tête chinois, il signifie à la fois "créer", "estimer" et "représenter". Toute une Genèse. Un fait doit être dit. "Pleut-il ?" "Oui, il pleut". On entre dans l'humain. La peinture de Carol est aujourd'hui un fait, passage fluide entre la réalisation d'une chose d'un point de vue intellectuel et moral à la réalisation d'une chose du point de vue matériel et physique. Encore deux définitions du verbe faire.
"Matériel et physique" venant marquer les impacts de l'invisible, seul monde agissant à l'origine du phénomène, c'est là que l'artiste veille, lui n'oublie pas de rester en prise. La peinture de Carol inscrit la perturbation des choses, le passage du vent dans les feuilles, les gisements de particules, les êtres nés qu'on ne peut réintégrer dans la matrice… "Matériel et physique" dans le sens du temps irréversible, qui acquiert un passeport du fait d'avoir été vu. Les peintres d'aujourd'hui sont des êtres-questions plus questionneurs que jamais, des gens du vertige. Qu'est-ce donc ici qui est nommé par le buvard décrypteur d'encre sympathique ? Caligari piégeant le PH sanguin de lémures infiltrés ? "Révélation" au sens photographique de "gêneurs" dans la belle ordonnance de la "raison" ?
France Delville 
membre de l'AICA 
Ecrivain d’art 
psychanalyste  
Galerie De La Salle, VENCE 
2000


équations de brouillons d'équations données par un chercheurs, (Vincent Ramare) collage, huile sur palissade 2004



Merci à France Delville, porteuse d'eau, de sens, et mémoire parlante de l'art/pensée -  qui se joue/ s'est joué à Nice et sur la côte et ailleurs -   pour ses écrits/ témoignages -  travaux et vidéo réalisés  vers  l'an 2000 
 



 " Il fallait rappeler l'extraordinaire travail de partage, et de mise en lumière, de pensées constructives, et non destructrices, effectué par Carol Shapiro, qui se poursuit encore aujourd'hui sur son site, mais qui avait été magnifiquement mis en pages dans la Revue Alias, au début des années 1990, Alias, revue fondée par elle. Carol est aussi un magnifique peintre, et un poète sensible.
F.D.



www.artcotedazur.fr/artcotetv,188/ecole-de-nice,217/france-delville,273/carol-shapiro,6514.html (avec clip)


Chroniques de France Delville sur art Côte d'AZur : 






















acrylique sur carton - botes démonées 2000 (?)




J’ai eu le plaisir de retrouver des contes écrits par Carol Shapiro, où la surprise des mots, le raffinement et l’humour surréel masquent très pudiquement des tragédies humaines, mais d’où émerge à chaque fois une issue de sagesse… l’issue d’un Art du Possible, peut-être…
En attendant les œuvres complètes, voici son conte le plus court, une sorte de tendre Genèse…
F.D.

La vache et l’olivier

« Un sordide désordre emportait les lieux dans un torrent trop rapide pour être ni vu, ni suivi, ni parcouru. Pêle-mêle tout basculait et les animaux sur les rives assistaient impuissants à cette démoniaque cérémonie. Le torrent gagna en richesse et en profondeur, traversait les cours, les places, et les routes placides. L’orage s’en mêla et le torrent à moitié fou s’enivra dans l’épanchement tempétueux. L’eau arriva, chargée d’indescriptible enchevêtrement, jusqu’à l’oliveraie encore chargée de chaleur estivale, et le torrent ivre se dirigea vers une sorte d’arène profonde que les arbres entouraient, et s’y jeta. C’est alors qu’arriva en ce lieu un jeune animal qui, emporté dans un zèle curieux, plongea dans ce mélange de matière et de cendres.. Il ne sut rien comprendre tant la complexité des choses était absurde. Il ressortit de l’eau, et, comme apaisé alla se coucher sous un de ces arbres qui donnèrent l’aliment des premières lumières. Il s’y endormit »."

(texte  écrit ) vers 1985
(...)

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