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Sayed Haider RAZA Purush Prakriti Bindu, |
Pour France D. qui est partie rejoindre les galaxies parlantes, les fluctuations quantiques du cosmos, la marée et la parole qui se dit toujours, secrètement, dans le silence murmurant des présences toujours vivantes
Elle n'a pas voulu que le numérique la fige, mais j'ai voulu retenir ce reflet vivant de son passage, de notre dernière rencontre cet été, "magique" m'avait t-elle écrit, C'est de ses visages qui n'ont pas besoin d'être capturés pour vivre dans les coulisses vibrantes des mémoires.
"Les ailes du désir" est diffusé, là, dans la nuit, j'entends les acrobates, et l'ange qui a choisi le temple de la matière, et Colombo qui a vendu son armure pour 500 dollars.
France, elle, est repartie nager, sans rien, dans cette si belle présence au monde, ce don, écoute et poésie de chaque parole, regard.
Elle savait lire cet invisible dans une œuvre, cet espace en suspens qui lui parlait une langue singulière qu’elle donnait, qu'elle donne à voir, dévoiler, comme une prophétesse souvent.
Je ne parlerai pas longtemps ici de ce don fait qui m'a aidée à entrer "en peinture" de ces mots qu'elle m'a offerts comme un passeport à traverser les regards. Mais merci.
France était peintre aussi, elle à connu les toiles et les pages, la philosophie, les secrets du zen et les silences évadés de la psychanalyse, elle a témoigné, filmé, raconté la vie et l’œuvre d'artistes qui ne l'oublieront pas, je l'espère...
Et qui avanceront vers d'autres territoires, comme elle l'aurait aimé.
Elle transformait les moments du quotidien en instants de passages, toujours dans cette frontière entre poésie de la relation et inconnu, vertige de la découverte à venir..
Toujours prête à transmettre, à recueillir, à imaginer.
L’écriture lui "arrivait" disait elle. Elle se donnait à elle, elle n'avait plus qu'a saisir les signes et à nous redonner l'itinéraire de ces sillages. Mais pour cette réalisation, combien d'écoute, de sensibilité, d'attention, de cristal vers l'autre.
France aimait nager l'hiver dans la force des vagues, sans peur.
Je pense qu'elle traverse les murs maintenant, dévale l'espace temps, et nous dévoilera encore ces espaces qu'on ne peut que frôler et qu'elle a inlassablement arpentés pour nous en restituer la force et la liberté.
Voici un lien vers sa parole, ses derniers écrits, dons, encore.
16 nov 2014
Articles et films de France Delville sur art côte d'azur
Quelques lignes sur son parcours et son magnifique texte
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vallée de l'étonnement, vers là où elle marche encore - 2001 sur carte marine |
Une rencontre a eu lieu au château CIAC de Carros le 24 novembre 2014, en hommage à notre très chère France.
Ses amis ont écrit et lu des textes en sa mémoire.
Ci
dessous le texte de Gilbert Pedinielli qui n'a pas été lu et qui nous rappelle la force
d’écoute sensible de France, son parcours artistique, politique et humain de passeur entre ...
Je le
remercie de m'avoir représentée à Carros et d'avoir lu mon texte, écrit il y a
des années, mais qui semblait l'avoir rencontrée.
France DELVILLE
J’ai connu France dans les
années 75, pas du tout dans le circuit de l’art, mais à IBM, à l’occasion d’une
visite de groupe au centre de Design.
C’était encore l’époque flamboyante des hippies, longue robe et Bandana dans les cheveux : ce qui fut une attraction dans le milieu des costumes trois-pièces-cravatés.
40 ans déjà, coucou nous revoilà !
Les années passant, chacun continuant son chemin, nous nous retrouvâmes sur les voies escarpées de l’art de l’arrière pays niçois au sujet d’une exposition : « les femmes en guerre », titre qui l’avait titillée. Je dus passer à l’interrogatoire qu’elle savait si bien mener. Sa première écriture sur mon travail.
Bien sûr, la galerie De La
Salle était un lieu de rendez-vous régulés par les vernissages.
« Tu ne m’appelles
jamais, France ! » « Oh, le Corse ! ». Pas très intellectuel.
Nous nous revîmes plusieurs
fois par semaine à la fin des années 90 avec la fondation de l’ADN pour lutter
contre la venue de Le Pen à Nice.
Après, elle intensifia la
psychanalyse, je me remis à fumer.
Le début de ce siècle fut une
période élastique et dure. Chacun ses
problèmes. Avec rencontres tangentes ou
sécantes suivant les aléas de l’art.
Et comme par hasard, c’est
quand on vieillit que l’on fait encore plus attention à l’autre.
Marylin M. scella une
amitié. Elle écrivit, elle filma, elle
analysa deux de mes expositions.
Toujours en urgence. mais toujours près du travail. Avec son temps serré, elle en fit une somme.
Anecdote :
Face à sa caméra, je lui
racontai ma rencontre juvénile avec la star à Nice. Le temps n’existait plus. J’étais emporté dans mes mensonges devenus
réalité et je ne voyais pas ses larmes qui coulaient. Elle, cachée derrière la machine. Après, tous les deux gênés.
Une femme qui pleure quand on
lui raconte une belle histoire d’amour ne peut être foncièrement mauvaise
malgré la psychanalyse.
Toi, tu n’as pas vu nos pleurs.
Gilbert Pedinielli
nov 2014
Ci dessous mon texte écrit pour France en 2000., ce texte l'avait touchée et elle avait exprimé un souhait,(...) le voici, toujours à son écoute aussi ...
passagère
de
l’entre deux
déjouant
les pesanteurs
sa
pensée, matière éclairante
trouve
le juste lieu
sa parole
ouvre des clairières
des
silences vibrants
des
profondeurs questionnantes
sculpteur
des signes et des lumières
elle
redonne ses formes à la voix qui se tait
à France
je ne sais pas le temps de
son histoire
posée, partie, allant vers
de drôles de clartés
étrange, étrangère,
elle écoute le vent venus d’autres déserts
les sables l’interrogent
et dénouent leur splendeur
je ne sais pas le lieu de
sa mémoire qui emporte les éclats de pensées silencieuses
qu’elle écoute
une autre ville
d’autres lieux
une fontaine d’invisible
baigne ses dires
pensée quantique
ici et là-bas,`frôlant les
miracles et les douces dérives
elle ramène en un lieu
dans une tranquille
révélation
ces mondes enfouis et les histoires
de ces gens
qu’elle connait ou qu’elle accueille
en un lieu ou les mots se
chargent de vie
simplement
je ne sais pas pourquoi
son regard transforme
les contours de nos lieux
indicibles
comment son geste relie
les jours ?
mais ce fil qu’elle tisse
dans le fracas des
mémoires incertaines
je l’ai rencontré
ce n’est pas un fil, pas un souvenir
qui redit ses mémoires
c’est le neuf
la force du présent qui
nous invite à la rejoindre
dans sa parole passagère
cs, avril
2000

ph. G. Pedinielli

Magnifique hommage, très émouvant, dans la simplicité des mots du cœur qui dépeignent si précisément une amitié et l'amie qui explore à présent d'autres mondes que cela donne l'impression de la connaître aussi un peu...
RépondreSupprimerMaB
merci cher malik
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