lundi 8 décembre 2014

depuis le bout de la rue



Ne rien attendre de cette grande camisole de blagues colportées par les vendeurs de son, mais aussi y naviguer, dans cette grande gondole fluctuante qui joue avec les garde-fous.

Se glisser dans les pollens dans fleurs planquées dans les bordures et y voir s'envoler des ailes de drôles de bestioles à rayures.
on ne se marre pas toujours dans  les corridors

Le calendrier parfois prend des airs de carrosse d'acier, mais restent toujours ces bricoles
justement bricolées avec deux bout de bois et de la ficelle retrouvée dans le flou d'un tiroir à musique

Et là, les barques chavirent dans une écume fraîche et les courants des îles défont la grande complexité.

On flotte
bleu du sud et d'arctique complotent dans un ressac incorruptible
brassent ces idées contrefaites qu'on tentait de nous vendre
déjouent les calibres des mécaniques arborescentes et jaillissent d'étranges  radicelles, surgissent des
briques de bois et de vent, des violons de  ces brique et des santours tissés avec les grillages déployés

  Ça flamboie avec le pollen jeune, jaune

Les débarcadères bruissent la mer de tous ces murmures portés dans le fracas des tempêtes par ces intimes voyageurs, liseurs de méridiens et de cartes marines. 
et bien au delà souvent








 







dimanche 16 novembre 2014

le bleu qui traverse




 


 

 




                                           
                                  Sayed Haider RAZA Purush Prakriti Bindu,




Pour France D. qui est partie rejoindre les galaxies parlantes, les fluctuations quantiques  du cosmos, la marée et la parole qui se dit toujours, secrètement, dans le silence murmurant des présences toujours vivantes














Elle n'a pas voulu que le numérique la fige, mais j'ai voulu retenir ce reflet vivant de son passage,  de notre dernière rencontre cet été, "magique" m'avait t-elle écrit, C'est  de ses visages qui n'ont pas besoin d'être capturés pour vivre dans les coulisses vibrantes des mémoires.









 
Sayed Haider RAZA Bindu Radiation, 2010, acrylique sur toile, 100x100cm





"Les ailes du désir" est diffusé, là, dans la nuit,  j'entends les acrobates, et l'ange qui a choisi le temple de la matière, et Colombo qui a vendu son armure pour 500 dollars.
France, elle,  est repartie nager, sans rien, dans cette si belle présence au monde, ce don, écoute et poésie de chaque parole, regard. 
Elle savait lire cet invisible  dans une œuvre, cet espace en suspens qui lui parlait une langue singulière qu’elle donnait, qu'elle donne à voir, dévoiler, comme une prophétesse souvent.
Je ne parlerai pas longtemps  ici de ce don fait qui m'a aidée à entrer "en peinture" de ces mots qu'elle m'a offerts comme un  passeport à traverser les regards. Mais merci. 

France était peintre aussi, elle à connu les toiles et les pages, la philosophie, les secrets du zen et les silences évadés  de la psychanalyse, elle a témoigné, filmé, raconté la vie et l’œuvre d'artistes qui ne l'oublieront pas, je l'espère... 
Et qui avanceront vers d'autres territoires, comme elle l'aurait aimé.

Elle transformait les moments du quotidien en instants de passages, toujours dans cette frontière entre poésie de la relation et inconnu, vertige de la découverte à venir..
Toujours prête à transmettre, à recueillir, à imaginer.
L’écriture lui "arrivait" disait elle. Elle se donnait à elle, elle n'avait plus qu'a saisir les signes et à nous redonner  l'itinéraire de ces sillages. Mais pour cette réalisation, combien d'écoute, de sensibilité, d'attention, de cristal vers l'autre.

France aimait nager l'hiver dans la force des vagues, sans peur.
Je pense qu'elle traverse les murs maintenant,  dévale l'espace temps,  et nous dévoilera encore ces espaces qu'on ne peut que frôler et qu'elle a  inlassablement arpentés pour nous en restituer la force et la  liberté.


Voici un lien vers sa parole, ses derniers écrits, dons, encore. 

16 nov 2014







vallée de l'étonnement, vers là où elle marche encore - 2001 sur carte marine



séquence photographique de de duane michals



Une rencontre a eu lieu  au château CIAC de Carros le 24 novembre 2014, en hommage à notre très chère France.
Ses amis ont écrit et lu des textes en sa mémoire.
Ci dessous le texte de Gilbert Pedinielli  qui n'a pas été lu et qui nous rappelle la force d’écoute sensible de France, son parcours artistique, politique et humain de passeur entre ...
Je le remercie de m'avoir représentée à Carros  et d'avoir lu mon texte, écrit il y a des années, mais qui semblait  l'avoir  rencontrée.




France DELVILLE



J’ai connu France dans les années 75, pas du tout dans le circuit de l’art, mais à IBM, à l’occasion d’une visite de groupe au centre de Design.


C’était encore l’époque flamboyante des hippies, longue robe et Bandana dans les cheveux : ce qui fut une attraction dans le milieu des costumes trois-pièces-cravatés.


40 ans déjà, coucou nous revoilà !


Les années passant, chacun continuant son chemin, nous nous retrouvâmes  sur les voies escarpées de l’art de  l’arrière pays niçois au sujet d’une exposition : « les femmes en guerre », titre qui l’avait titillée.  Je dus passer à l’interrogatoire  qu’elle savait si bien mener.  Sa première écriture sur mon travail.


Bien sûr, la galerie De La Salle était un lieu de rendez-vous régulés par les vernissages.

« Tu ne m’appelles jamais, France ! » « Oh, le Corse ! ».  Pas très intellectuel.


Nous nous revîmes plusieurs fois par semaine à la fin des années 90 avec la fondation de l’ADN pour lutter contre la venue de Le Pen à Nice. 

Après, elle intensifia la psychanalyse, je me remis à fumer.


Le début de ce siècle fut une période élastique et dure.  Chacun ses problèmes.  Avec rencontres tangentes ou sécantes suivant les aléas de l’art. 

Et comme par hasard, c’est quand on vieillit que l’on fait encore plus attention à l’autre.


Marylin M. scella une amitié.  Elle écrivit, elle filma, elle analysa deux de mes expositions.  Toujours en urgence. mais toujours près du travail.  Avec son temps serré, elle en fit une somme.



Anecdote :

Face à sa caméra, je lui racontai ma rencontre juvénile avec la star à Nice.  Le temps n’existait plus.  J’étais emporté dans mes mensonges devenus réalité et je ne voyais pas ses larmes qui coulaient.  Elle, cachée derrière la machine.  Après, tous les deux gênés.

Une femme qui pleure quand on lui raconte une belle histoire d’amour ne peut être foncièrement mauvaise malgré la psychanalyse.


Toi, tu n’as pas vu nos pleurs.

Gilbert Pedinielli
nov 2014








 

Ci dessous mon texte écrit pour France en  2000.,  ce texte l'avait touchée et  elle avait exprimé un souhait,(...) le voici, toujours à son écoute aussi ...

 

 

 

 

 passagère
de l’entre deux
déjouant les pesanteurs 
sa pensée, matière éclairante
trouve le juste lieu 

sa   parole  ouvre des clairières
des silences vibrants
des profondeurs questionnantes   

sculpteur des signes et des lumières
elle redonne  ses formes à la voix qui se tait


à France

je ne sais pas le temps de son histoire
posée, partie, allant vers de drôles de clartés
étrange, étrangère,
elle écoute le vent  venus d’autres déserts

les sables l’interrogent et dénouent leur splendeur

je ne sais pas le lieu de sa mémoire qui emporte les éclats de pensées silencieuses
qu’elle écoute

une autre ville
d’autres lieux
une fontaine d’invisible
baigne ses dires

pensée   quantique
ici et là-bas,`frôlant les miracles et les douces dérives
elle ramène en un lieu
dans une tranquille révélation
ces mondes enfouis et  les histoires
de ces gens
qu’elle connait  ou qu’elle accueille

en un lieu ou les mots se chargent de vie
simplement

je ne sais pas pourquoi son regard transforme
les contours de nos lieux indicibles
comment son geste relie les jours  ?
mais ce fil qu’elle tisse
dans le fracas des mémoires incertaines
je l’ai rencontré

ce n’est pas un fil, pas un souvenir
qui redit ses mémoires
c’est le neuf
la force du présent qui nous invite à la rejoindre

dans sa parole passagère

cs, avril 2000



 


 

 
ph. G. Pedinielli



vendredi 30 mai 2014

le champ des événements





la porte fracassée est ouverte
le bois s'éclipse et laisse les radicelles à pousser

on entre dans cet espace
un champ tissé par les premières formes de vies
plantées dans la vase salée

et on regarde passer le flot des étoiles qui ont dévié les météores

les coïncidences heureuses qui ont  illuminé les labyrinthes

là, deux millimètres de plus nous conduisent dans les bois tapageurs
où grandissent les penseurs qui donnent la bonne aventure
inventeuse de chants

et cette musique un peu décalée
semble vouloir nous conduire

mais dans cet infini des possibles qui sème des tapis de casino fous
la roulotte avance
la roulette croit tout savoir

se demande comment elle a trouvé la martingale 
une martingale imaginée avec les pierres éboulées des temples de la commedia dell'arte 
mais c'est le son d'un abricot qui heurte le tambour



On a écrit un paragraphe à l'aube, avec les herbes plantées dans de vieux pots de terre rouges, ces vieux-là posés sur les rebords de fenêtres pour espérer.

On a marché des kilomètres de sens dans la plaine des tournesols qui nous regardaient toujours.

On se marre. Il y a l'étang qui lorgne sur la rivière, qui peut-être deviendra un lac. Je ne sais pas si ça arrive.

Mais dans ce chant là, les lanceurs de sorts, les liseurs de recommencements brodent des dentelles si fines qu'elles en deviendraient des œuvres sacrées
ces choses qu'on vénère pour aller à a rencontre des dieux

Il y a un envol de coccinelles qui cherche un champ de lavande. Parfum léger des brins bleus

Il y a dix milles herbes cent milliards  d'herbes qui cherchent leur place. Et les lanceurs, les flambeurs, les inventeurs de mondes fermés complotent en croyant découvrir



Le joueur de dés rigole.

Il a sillonné tous les tripots des iles. Il a joué sa fortune et grillé des cigares.
Bu la liqueur des fleurs du soir.  marche sur l'eau, même, peut-être ?





30 mai 2014 
photo atelier vrac 29 mai 14

lundi 21 avril 2014

Là où prend source le regard.




 
La fille à tête d’interlude ne se demandait plus rien, juste faire, aller vers, rencontrer le présent dans sa multiplicité d’interprétations. Jouer de poésie dans les lignes du jour.
Ne se demandait plus comment être au mieux, comment aimer, comment  devenir. Tout cela s’était envolé dans des fracas venus des orages du centre de son être.
Là où prend source le regard. Le regard intérieur qui voit, de la planète au microbe, du papillon à la vague.
 
Mais elle, elle jouait à la marelle avec les lanceurs de dogmes vénéneux. Coup de galet au loin ! Je dis, on s’imagine,  une jeune femme un peu volatile, éthérée et joueuse.
Elle, mais en fait,  c’est une vieille dame, une dame qui a arpenté les jours à force de tribulations, qui s’est  usé les yeux dans l’inacceptable.
Mais qui a aussi compris le chien qui passe, le chat errant. L’oiseau qui grappille. L’enfant qui rigole avec un air d’avoir tout saisi.
Elle a aussi balancé les bons de réduction. Toutes les réductions, qui nous marchandent dans les gondoles des hypersouks sans âme.
 
Pourtant, la colère, l’indignation profonde la remuent. Pas pour écrire un bouquin ni simulacrer à la télé. Mais pour tenter de tenir dans cette planète qui arrache les fils de  la trame de son étoffe, qui déchire les enfants de ses miracles venus de l'eau et d’un météore tombé en mer, porteur de vie.
 
L’autre fois, dans le miracle d'une marche sans raison, elle a trouvé un oiseau. Un oisillon tombé d’un nid. Immobile et silencieux.
Et dans ses mains, sa poche, l’a ramassé, nourri, soigné et libéré.
 
L’autre soir, elle a planté un olivier dans un jardin public, un abricotier dans un champ, un noisetier dans une bassine où elle lavait ses fils.
 
Et, la dame marche, marche sans arrêt… Dans l’impensable de planètes folles, dans l’indéchiffrable de ces dieux bagarreurs, dans l’infini de  la science qui réinvente la magie de l’homme. Sans la poésie des anges.
 
Elle n’a pas de barre pour protéger sa porte, elle ne s’achète pas de foulards soyeux. Elle ne fait que marcher.  Avec l’autre. Pour l’autre, peut-être ?
 
21 avril 2014