La fille à tête d’interlude ne se demandait plus rien, juste faire, aller
vers, rencontrer le présent dans sa multiplicité d’interprétations. Jouer de
poésie dans les lignes du jour.
Ne se demandait plus comment être au mieux, comment aimer, comment
devenir. Tout cela s’était envolé dans des fracas venus des orages du centre de
son être.
Là où prend source le regard. Le regard intérieur qui voit, de la planète
au microbe, du papillon à la vague.
Mais elle, elle jouait à la marelle avec les lanceurs de dogmes vénéneux.
Coup de galet au loin ! Je dis, on s’imagine, une jeune femme un peu volatile,
éthérée et joueuse.
Elle, mais en fait, c’est une vieille dame, une dame qui a arpenté les
jours à force de tribulations, qui s’est usé les yeux dans
l’inacceptable.
Mais qui a aussi compris le chien qui passe, le chat errant. L’oiseau qui
grappille. L’enfant qui rigole avec un air d’avoir tout saisi.
Elle a aussi balancé les bons de réduction. Toutes les réductions, qui nous
marchandent dans les gondoles des hypersouks sans âme.
Pourtant, la colère, l’indignation profonde la remuent. Pas pour écrire un
bouquin ni simulacrer à la télé. Mais pour tenter de tenir dans cette planète
qui arrache les fils de la trame de son étoffe, qui déchire les enfants de ses
miracles venus de l'eau et d’un météore tombé en mer, porteur de vie.
L’autre fois, dans le miracle d'une marche sans raison, elle a trouvé un
oiseau. Un oisillon tombé d’un nid. Immobile et silencieux.
Et dans ses mains, sa poche, l’a ramassé, nourri, soigné et libéré.
L’autre soir, elle a planté un olivier dans un jardin public, un abricotier
dans un champ, un noisetier dans une bassine où elle lavait ses fils.
Et, la dame marche, marche sans arrêt… Dans l’impensable de planètes
folles, dans l’indéchiffrable de ces dieux bagarreurs, dans l’infini de la
science qui réinvente la magie de l’homme. Sans la poésie des anges.
Elle n’a pas de barre pour protéger sa porte, elle ne s’achète pas de
foulards soyeux. Elle ne fait que marcher. Avec l’autre. Pour l’autre,
peut-être ?
21 avril 2014
ce regard dénoue les fils de l'habitude.
RépondreSupprimeroui, surement Dominique il dénoue, elle me le montre. merci d'être passé ! et pour le commentaire....
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