fragments d'incertitude
carol shapiro
peinture, brefs écrits, transmissions reçues ...
repère et rencontres
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lundi 8 décembre 2014
depuis le bout de la rue
Ne rien attendre de cette grande camisole de blagues colportées par les vendeurs de son, mais aussi y naviguer, dans cette grande gondole fluctuante qui joue avec les garde-fous.
Se glisser dans les pollens dans fleurs planquées dans les bordures et y voir s'envoler des ailes de drôles de bestioles à rayures.
on ne se marre pas toujours dans les corridors
Le calendrier parfois prend des airs de carrosse d'acier, mais restent toujours ces bricoles
justement bricolées avec deux bout de bois et de la ficelle retrouvée dans le flou d'un tiroir à musique
Et là, les barques chavirent dans une écume fraîche et les courants des îles défont la grande complexité.
On flotte
bleu du sud et d'arctique complotent dans un ressac incorruptible
brassent ces idées contrefaites qu'on tentait de nous vendre
déjouent les calibres des mécaniques arborescentes et jaillissent d'étranges radicelles, surgissent des
briques de bois et de vent, des violons de ces brique et des santours tissés avec les grillages déployés
Ça flamboie avec le pollen jeune, jaune
Les débarcadères bruissent la mer de tous ces murmures portés dans le fracas des tempêtes par ces intimes voyageurs, liseurs de méridiens et de cartes marines.
et bien au delà souvent
dimanche 16 novembre 2014
le bleu qui traverse
Sayed Haider RAZA Purush Prakriti Bindu, |
Pour France D. qui est partie rejoindre les galaxies parlantes, les fluctuations quantiques du cosmos, la marée et la parole qui se dit toujours, secrètement, dans le silence murmurant des présences toujours vivantes
Elle n'a pas voulu que le numérique la fige, mais j'ai voulu retenir ce reflet vivant de son passage, de notre dernière rencontre cet été, "magique" m'avait t-elle écrit, C'est de ses visages qui n'ont pas besoin d'être capturés pour vivre dans les coulisses vibrantes des mémoires.
"Les ailes du désir" est diffusé, là, dans la nuit, j'entends les acrobates, et l'ange qui a choisi le temple de la matière, et Colombo qui a vendu son armure pour 500 dollars.
France, elle, est repartie nager, sans rien, dans cette si belle présence au monde, ce don, écoute et poésie de chaque parole, regard.
Elle savait lire cet invisible dans une œuvre, cet espace en suspens qui lui parlait une langue singulière qu’elle donnait, qu'elle donne à voir, dévoiler, comme une prophétesse souvent.
Je ne parlerai pas longtemps ici de ce don fait qui m'a aidée à entrer "en peinture" de ces mots qu'elle m'a offerts comme un passeport à traverser les regards. Mais merci.
France était peintre aussi, elle à connu les toiles et les pages, la philosophie, les secrets du zen et les silences évadés de la psychanalyse, elle a témoigné, filmé, raconté la vie et l’œuvre d'artistes qui ne l'oublieront pas, je l'espère...
Et qui avanceront vers d'autres territoires, comme elle l'aurait aimé.
Elle transformait les moments du quotidien en instants de passages, toujours dans cette frontière entre poésie de la relation et inconnu, vertige de la découverte à venir..
Toujours prête à transmettre, à recueillir, à imaginer.
L’écriture lui "arrivait" disait elle. Elle se donnait à elle, elle n'avait plus qu'a saisir les signes et à nous redonner l'itinéraire de ces sillages. Mais pour cette réalisation, combien d'écoute, de sensibilité, d'attention, de cristal vers l'autre.
France aimait nager l'hiver dans la force des vagues, sans peur.
Je pense qu'elle traverse les murs maintenant, dévale l'espace temps, et nous dévoilera encore ces espaces qu'on ne peut que frôler et qu'elle a inlassablement arpentés pour nous en restituer la force et la liberté.
Voici un lien vers sa parole, ses derniers écrits, dons, encore.
16 nov 2014
Articles et films de France Delville sur art côte d'azur
Quelques lignes sur son parcours et son magnifique texte
vallée de l'étonnement, vers là où elle marche encore - 2001 sur carte marine |
Une rencontre a eu lieu au château CIAC de Carros le 24 novembre 2014, en hommage à notre très chère France.
Ses amis ont écrit et lu des textes en sa mémoire.
Ci
dessous le texte de Gilbert Pedinielli qui n'a pas été lu et qui nous rappelle la force
d’écoute sensible de France, son parcours artistique, politique et humain de passeur entre ...
Je le
remercie de m'avoir représentée à Carros et d'avoir lu mon texte, écrit il y a
des années, mais qui semblait l'avoir rencontrée.
France DELVILLE
J’ai connu France dans les
années 75, pas du tout dans le circuit de l’art, mais à IBM, à l’occasion d’une
visite de groupe au centre de Design.
C’était encore l’époque flamboyante des hippies, longue robe et Bandana dans les cheveux : ce qui fut une attraction dans le milieu des costumes trois-pièces-cravatés.
40 ans déjà, coucou nous revoilà !
Les années passant, chacun continuant son chemin, nous nous retrouvâmes sur les voies escarpées de l’art de l’arrière pays niçois au sujet d’une exposition : « les femmes en guerre », titre qui l’avait titillée. Je dus passer à l’interrogatoire qu’elle savait si bien mener. Sa première écriture sur mon travail.
Bien sûr, la galerie De La
Salle était un lieu de rendez-vous régulés par les vernissages.
« Tu ne m’appelles
jamais, France ! » « Oh, le Corse ! ». Pas très intellectuel.
Nous nous revîmes plusieurs
fois par semaine à la fin des années 90 avec la fondation de l’ADN pour lutter
contre la venue de Le Pen à Nice.
Après, elle intensifia la
psychanalyse, je me remis à fumer.
Le début de ce siècle fut une
période élastique et dure. Chacun ses
problèmes. Avec rencontres tangentes ou
sécantes suivant les aléas de l’art.
Et comme par hasard, c’est
quand on vieillit que l’on fait encore plus attention à l’autre.
Marylin M. scella une
amitié. Elle écrivit, elle filma, elle
analysa deux de mes expositions.
Toujours en urgence. mais toujours près du travail. Avec son temps serré, elle en fit une somme.
Anecdote :
Face à sa caméra, je lui
racontai ma rencontre juvénile avec la star à Nice. Le temps n’existait plus. J’étais emporté dans mes mensonges devenus
réalité et je ne voyais pas ses larmes qui coulaient. Elle, cachée derrière la machine. Après, tous les deux gênés.
Une femme qui pleure quand on
lui raconte une belle histoire d’amour ne peut être foncièrement mauvaise
malgré la psychanalyse.
Toi, tu n’as pas vu nos pleurs.
Gilbert Pedinielli
nov 2014
Ci dessous mon texte écrit pour France en 2000., ce texte l'avait touchée et elle avait exprimé un souhait,(...) le voici, toujours à son écoute aussi ...
passagère
de
l’entre deux
déjouant
les pesanteurs
sa
pensée, matière éclairante
trouve
le juste lieu
sa parole
ouvre des clairières
des
silences vibrants
des
profondeurs questionnantes
sculpteur
des signes et des lumières
elle
redonne ses formes à la voix qui se tait
à France
je ne sais pas le temps de
son histoire
posée, partie, allant vers
de drôles de clartés
étrange, étrangère,
elle écoute le vent venus d’autres déserts
les sables l’interrogent
et dénouent leur splendeur
je ne sais pas le lieu de
sa mémoire qui emporte les éclats de pensées silencieuses
qu’elle écoute
une autre ville
d’autres lieux
une fontaine d’invisible
baigne ses dires
pensée quantique
ici et là-bas,`frôlant les
miracles et les douces dérives
elle ramène en un lieu
dans une tranquille
révélation
ces mondes enfouis et les histoires
de ces gens
qu’elle connait ou qu’elle accueille
en un lieu ou les mots se
chargent de vie
simplement
je ne sais pas pourquoi
son regard transforme
les contours de nos lieux
indicibles
comment son geste relie
les jours ?
mais ce fil qu’elle tisse
dans le fracas des
mémoires incertaines
je l’ai rencontré
ce n’est pas un fil, pas un souvenir
qui redit ses mémoires
c’est le neuf
la force du présent qui
nous invite à la rejoindre
dans sa parole passagère
cs, avril
2000
ph. G. Pedinielli
vendredi 30 mai 2014
le champ des événements
la porte fracassée est ouverte
le bois s'éclipse et laisse les radicelles à pousser
on entre dans cet espace
un champ tissé par les premières formes de vies
plantées dans la vase salée
et on regarde passer le flot des étoiles qui ont dévié les météores
les coïncidences heureuses qui ont illuminé les labyrinthes
là, deux millimètres de plus nous conduisent dans les bois tapageurs
où grandissent les penseurs qui donnent la bonne aventure
inventeuse de chants
et cette musique un peu décalée
semble vouloir nous conduire
mais dans cet infini des possibles qui sème des tapis de casino fous
la roulotte avance
la roulette croit tout savoir
se demande comment elle a trouvé la martingale
une martingale imaginée avec les pierres éboulées des temples de la commedia dell'arte
mais c'est le son d'un abricot qui heurte le tambour
On a écrit un paragraphe à l'aube, avec les herbes plantées dans de vieux pots de terre rouges, ces vieux-là posés sur les rebords de fenêtres pour espérer.
On a marché des kilomètres de sens dans la plaine des tournesols qui nous regardaient toujours.
On se marre. Il y a l'étang qui lorgne sur la rivière, qui peut-être deviendra un lac. Je ne sais pas si ça arrive.
Mais dans ce chant là, les lanceurs de sorts, les liseurs de recommencements brodent des dentelles si fines qu'elles en deviendraient des œuvres sacrées
ces choses qu'on vénère pour aller à a rencontre des dieux
Il y a un envol de coccinelles qui cherche un champ de lavande. Parfum léger des brins bleus
Il y a dix milles herbes cent milliards d'herbes qui cherchent leur place. Et les lanceurs, les flambeurs, les inventeurs de mondes fermés complotent en croyant découvrir
Le joueur de dés rigole.
Il a sillonné tous les tripots des iles. Il a joué sa fortune et grillé des cigares.
Bu la liqueur des fleurs du soir. marche sur l'eau, même, peut-être ?
30 mai 2014
photo atelier vrac 29 mai 14
photo atelier vrac 29 mai 14
mercredi 30 avril 2014
Toile sans anecdote du cheval jaune
via Les cosaques des frontières"
lescosaquesdesfrontieres.com/2014/04/30/toile-sans-anecdote-du-cheval-jaune/
lundi 21 avril 2014
Là où prend source le regard.
La fille à tête d’interlude ne se demandait plus rien, juste faire, aller
vers, rencontrer le présent dans sa multiplicité d’interprétations. Jouer de
poésie dans les lignes du jour.
Ne se demandait plus comment être au mieux, comment aimer, comment
devenir. Tout cela s’était envolé dans des fracas venus des orages du centre de
son être.
Là où prend source le regard. Le regard intérieur qui voit, de la planète
au microbe, du papillon à la vague.
Mais elle, elle jouait à la marelle avec les lanceurs de dogmes vénéneux.
Coup de galet au loin ! Je dis, on s’imagine, une jeune femme un peu volatile,
éthérée et joueuse.
Elle, mais en fait, c’est une vieille dame, une dame qui a arpenté les
jours à force de tribulations, qui s’est usé les yeux dans
l’inacceptable.
Mais qui a aussi compris le chien qui passe, le chat errant. L’oiseau qui
grappille. L’enfant qui rigole avec un air d’avoir tout saisi.
Elle a aussi balancé les bons de réduction. Toutes les réductions, qui nous
marchandent dans les gondoles des hypersouks sans âme.
Pourtant, la colère, l’indignation profonde la remuent. Pas pour écrire un
bouquin ni simulacrer à la télé. Mais pour tenter de tenir dans cette planète
qui arrache les fils de la trame de son étoffe, qui déchire les enfants de ses
miracles venus de l'eau et d’un météore tombé en mer, porteur de vie.
L’autre fois, dans le miracle d'une marche sans raison, elle a trouvé un
oiseau. Un oisillon tombé d’un nid. Immobile et silencieux.
Et dans ses mains, sa poche, l’a ramassé, nourri, soigné et libéré.
L’autre soir, elle a planté un olivier dans un jardin public, un abricotier
dans un champ, un noisetier dans une bassine où elle lavait ses fils.
Et, la dame marche, marche sans arrêt… Dans l’impensable de planètes
folles, dans l’indéchiffrable de ces dieux bagarreurs, dans l’infini de la
science qui réinvente la magie de l’homme. Sans la poésie des anges.
Elle n’a pas de barre pour protéger sa porte, elle ne s’achète pas de
foulards soyeux. Elle ne fait que marcher. Avec l’autre. Pour l’autre,
peut-être ?
21 avril 2014
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